Souvenirs d’Edmé de la Chapelle de Béarnès

Ce blog a, avant tout, été conçu pour présenter ma collection consacrée à la période 1789-1815. Néanmoins, il va, inévitablement, devenir une sorte de « fourre-tout ». Autrement dit, j’y publierai également des articles de mon cru et y commenterai mes dernières lectures.

Sans plus attendre, ami lecteur, j’inaugure cette section par les Souvenirs d’Edmé de la Chapelle de Béarnès

Edmé de la Chapelle, officier au régiment de Guyenne.

Edmé de la Chapelle, seigneur de Béarnès, officier au régiment de Guyenne, années 1780. Huile sur toile, localisation actuelle inconnue.

Indubitablement, le déclenchement de la Révolution française constitua une rupture fondamentale dans la vie des aristocrates français, aussi bien dans leur quotidien que dans leur éthique et leurs modèles comportementaux. Les événements révolutionnaires affectèrent également des domaines bien plus intimes, au nombre desquels le regard porté sur l’écriture. Jusqu’alors en effet, les nobles considéraient, implicitement, intuitivement, cette activité comme indigne.

De surcroît, jetés sur les chemins de l’émigration, ces hommes durent se rendre à l’évidence : ils étaient, malgré eux, devenus les jouets de l’Histoire. Pour eux, l’enjeu n’était plus de vivre, mais bien de survivre. Dès lors, le meilleur moyen de faire renaître – et de figer pour l’éternité ‒ la douceur de vie disparue, sinon le passé, restait la parole, l’écriture.

C’est justement cette option que retint Edmé de la Chapelle de Béarnès, petit noble originaire de Bergerac, en Dordogne.

Dressons-en le portrait. Officier du régiment de Guyenne en 1789, la Chapelle se résolut à intégrer la Garde Nationale de sa ville natale l’année suivante. Il démissionna cependant promptement, et rejoignit les rangs de la Garde constitutionnelle du roi. Il occupa les fonctions de capitaine jusqu’au licenciement de cette unité atypique. Activement recherché comme royaliste après la prise des Tuileries, il choisit de s’enfuir à Lyon, et travestit son identité en « Jean Chappet, commis d’un riche négociant des tabacs ». Durant le siège de cette ville, à l’été 1793, il agit tel un crypto-royaliste et commanda le secteur fortifié de Vaise. Il parvint à se soustraire aux recherches intentées contre lui après la chute de Lyon et passa d’abord en Suisse, puis en Allemagne. A la fin de l’année 1794, voyant ses perspectives de carrière bloquées, il s’embarqua pour l’Angleterre où il prit le commandement d’une compagnie du régiment ‒ émigré ‒ d’Hervilly. C’est en son sein qu’il prit part au débarquement de Quiberon, à l’été 1795. Fait prisonnier, la Chapelle fut hâtivement jugé. Condamné à la peine de mort, il fut fusillé à Vannes sous un nom d’emprunt, « Jean Berney »

Justement, c’est durant son court séjour en territoire helvétique que la Chapelle entreprit la rédaction de ses Souvenirs, qu’il consigna dans un petit carnet. A son départ en Angleterre, il remit celui-ci à l’un de ses camarades officiers, lui ordonnant de le faire parvenir à sa femme, Madeleine Dufraysse. Gaston de Gérard du Barry, historien régionaliste, le publia en 1912.

Rédigés dans une langue châtiée, particulièrement alertes, les Souvenirs d’Edmé de la Chapelle peuvent se lire tel un roman d’aventures. Plus encore, ils forment une excellente source pour tout historien s’intéressant à l’émigration en armes. En outre, la Chapelle, conteur d’une « histoire immédiate », n’eut guère le temps de recomposer son récit, à la différence de son supérieur à Lyon, le comte de Précy. Par conséquent, les chapitres relatifs au siège et à la chute de la cité rhodanienne constituent des matériaux d’un intérêt tout particulier pour étudier ces événements tragiques.

Couverture la ChapelleLa Chapelle de Béarnès, Edmé de, Souvenirs de la Contre-Révolution, Editions Pays et Terroirs (réédition de l’édition originale de 1912), 300 pages.

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