Cet article fait suite à une première partie consacrée à la période 1776-1803.
En juin 1803, en réponse à la reprise de la guerre avec l’Angleterre survenue un mois auparavant, les troupes françaises – commandées par le général de division Mortier ‒ envahirent sans coup férir l’électorat du Hanovre, jusqu’alors détenu par la Couronne britannique. Forte de 15000 soldats, la petite armée hanovrienne fut dissoute à l’issue de ce coup de force. Toujours à la recherche de nouvelles troupes, le 1er Consul Bonaparte ordonna toutefois à Mortier de constituer de nouvelles unités à l’aide des militaires hanovriens licenciés. Le 12 août 1803, le général-gouverneur du Hanovre signa par conséquent un décret créant une légion mixte (1), comptant un régiment d’infanterie légère à deux bataillons et un régiment de chasseurs à cheval à trois escadrons.
Officier dans la légion hanovrienne (janvier 1804-mai 1806).
Une unité manquant d’attraits, ou les difficultés du recrutement.
Le recrutement s’avéra très compliqué. En effet, de nombreux militaires hanovriens s’étaient déjà enrôlés dans la King’s German Legion au service britannique. De fait, en novembre, seuls 127 soldats avaient été déclarés aptes à servir dans la cavalerie, dont le dépôt était installé dans la petite ville de Celle. Par ailleurs, peu de Hanovriens se présentant pour intégrer les rangs de l’unité, il fallut enrôler des soldats de langue allemande venus d’autres régions d’Europe. De même, si le Hanovre était réputé pour la robustesse de ses chevaux, seules 78 des montures reçues avaient été jugées valables par les officiers chargés de la remonte ; situation étrange témoignant vraisemblablement de la « résistance passive » mise en œuvre par les autorités locales. Semblable constat s’appliquait à la livraison des équipements, issus des dépôts de l’ancienne armée et dont la qualité laissait à désirer. Le 3 février 1804, Mortier adressa pourtant une missive au ministre de la Guerre, dans laquelle il lui assurait que « la cavalerie, constituée d’anciens cavaliers du Hanovre, était de belle stature ». Ces assertions un brin triomphalistes valurent à leur auteur les félicitations du 1er Consul.
Encore fallait-il encadrer ladite légion. Celle-ci étant considérée comme une unité étrangère au service de la France, les officiers français avaient interdiction de s’y enrôler ou de s’y faire recruter. Cependant, seuls 7 officiers hanovriens se portèrent volontaires pour servir dans la cavalerie. De la sorte, leurs homologues français furent finalement tolérés afin de renforcer le corps des officiers. En outre, souhaitant motiver les candidats potentiels, Mortier conféra le grade supérieur aux militaires français rejoignant la légion. Le régiment de cavalerie reçut ainsi des hommes issus ‒ notamment ‒ des 4e et 5e régiments de hussards. Ce fut dans ce contexte que, le 27 janvier 1804, Mortier s’adressa à Constant Corbineau, colonel du 5e régiment de chasseurs à cheval, pour lui annoncer « (…) qu’il avait écrit au colonel Evers pour faire recevoir Juvénal chef d’escadron dans la cavalerie de la légion hanovrienne. Mais il doit toujours compter à votre régiment jusqu’à ce que le gouvernement ait approuvé sa nomination » (2). Cette missive formait probablement le terme d’une série de correspondances. Quoi qu’il en soit, Jean-Baptiste Juvénal devait indubitablement sa nomination à ses états de services élogieux, à sa discrétion, et plus encore à l’appui déterminant de son frère Constant, devenu en quelque sorte son protecteur. Son cas rappelle également que mérite et bravoure ne formaient pas les seuls critères d’avancement. En effet, appartenir à des réseaux influents s’avérait indispensable pour espérer progresser dans la carrière. Lire la suite